BHL, BARRE, GROS MINET et les autres de Farida Belghoul - Rebond 2 Christian Delarue
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Rebond (outre Black, Blanc, Beur à égalité) suite à conférence-débat (1) à St LO sur la Marche de 83
BHL, BARRE, GROS MINET et les autres de Farida Belghoul (celle de 1985)
http://amitie-entre-les-peuples.org/BHL-BARRE-GROS-MINET-et-les-autres-de-Farida-Belghoul
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Farida Belghoul écrit (2 ) « Tout le monde dans le pays est antiraciste. De Coluche à Stoléru, de Bernard Henri Lévy à Hidalgo, de Fabius à Raymond Barre, de Chirac à Simone Weil… » - - « L’antiracisme est une affaire qui marche, qui roule bien même » (Il y a eu les marcheurs en 83 et les rouleurs en 84 ).
C’est à l’époque, le constat que je pouvais faire aussi comme militant du MRAP (depuis 1979) car j’avais évidement en tête d’une part l’ampleur du racisme anti-maghrébin depuis 1973 (été meurtrier), et même depuis 1962 (mais plus tard en étudiant l’OAS et de prendre. conscience de tous les déçus identitaires de la perte de l’Algérie), et d’autre part cette impression nouvelle que désormais le mal raciste était réduit en 84, 85.
Mais cela c’est ce qu’on dit quand on se contente de voir l’écume des choses, ce qui est bien visible. C’est courant mais c’est insuffisant . Il importe évidemment d’aller voir "sous la surface de l’eau de l’iceberg", de l’iceberg raciste en l’espèce. Les quartiers populaires n’avaient qu’assez peu changé mais on parlait désormais d’une « politique de la ville ». La chose urbaine allait bouger. (3) Le chômage lui restait là, bien installé. Pas de RTT à 35 H de prévu avant la naissance d’AC ! Dix ans plus tard en octobre-novembre 1993. Et dans les syndicats.
Farida Belghoul ne manque pas de citer ces deux absences chez SOS Racisme : d’une part "le social" en misère maintenue et "la police" toujours violente et raciste. Elle souligne aussi "le bluff d’une société plurielle qui fait l’économie de la justice", de l’égalité et de l’inter-culturel. Ce faisant, elle déclare « La France antiraciste ne veut pas de notre histoire »
Initiatives
Ce livre - Beur Génération (2) - fait mention de toutes les associations culturelles ou de soutien des immigrés ou français issus de l’immigration nord-africaine et des mouvements autonomes. Il signale les Assises de mi-juin 1984 à Lyon pour organiser les liens entre associations de la "mouvance beur" mais ce fut un échec qui donna lieu rapidement aux rencontres de St Etienne fin septembre 1984. Mais la mouvance resta divisée alors que Convergence 84 approche.
Rien sur les Assises du MRAP mi-avril 84 à l’UNESCO car le MRAP est une association antiraciste française qui milite pour une France sans racisme (sous toutes ses formes depuis 1977, soit 15 ans après l’indépendance de l’Algérie) et qui n’est pas une association de type ASTI et FASTI (1976) qui défend les intérêts matériels et moraux des immigrés. ( Point développé le 27 à St LO - avec référence aussi à UAIR de Rennes jadis)
Mais Farida Belghoul y a elle participé à ces Assises sur le thème « Vivre ensemble avec toutes nos différences ». Dans son intervention, elle dénonce « le droit à la différence comme une forme voilée de l’exclusion » et conclut : « s’il faut absolument un slogan, je propose alors : « Vivre ensemble avec nos ressemblances, quelles que soient nos différences ». Le MRAP a poursuivi ses débats internes les années suivantes, notamment en y ajoutant égalité et citoyenneté (congrès juin 1985).
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Mon propos très très résumé sur les 20 ans de racisme d’avant 83 (j’ai développé sur une heure à St Lo le 27 octobre)
De 1961-62 à 1983 on a l’énormité effroyable du racisme contre les français maghrébins, tant les jeunes qui subissent les violences policières (avec des morts non punis du fait de policiers pro-OAS, de juges pro-Algérie française) que les parents assignés eux à des conditions de travail et de logement très dégradés. L’habitat, au sens large de quartier, est aussi ignoré. Le livre - excellent - de Jean-Marie Delarue, issu de son rapport , sur les quartiers délaissés de la République et ses préconisations ne sortira qu’en 1991.
Mais après la Marche pour l’Egalité, un souffle de « petites mains » fait reculer un racisme de surface. Cette date de 1983 (les marcheurs) puis celle de 1984 (les rouleurs) marquent pour la France une prise de conscience certes limitée mais néanmoins réelle. Prenons encore l’image de l’iceberg raciste : Limitée car ce qui est au-dessus de la surface de l’eau (concernant l’iceberg raciste) est attaqué, réduit. Mais il s’agit là d’une fraternité certes superficielle car il aurait fallu s’attaquer aussi en profondeur (sous la surface de l’eau), à ce qui infériorise les parents (le volet social absent : emploi, logement et santé abîmée) et les jeunes français issus de l’immigration algérienne et plus largement du Maghreb : le volet police non traité pour eux, et justice idem. Or c’est du lourd du très lourd. On n’imagine pas combien ce racisme était structurel outre les injures racistes.
J’ai évoqué ensuite longuement les transformations d’un racisme qui ne pouvait plus se dire ainsi, notamment via le rejet d’une religion, le tout en intégrant le surgissement de la "décennie noire" algérienne qui est venue complexifier les choses.
Christian DELARUE
CN du MRAP
1) Conférence-débat sur les 40 ans de la Marche pour l’Egalité et contre le Racisme (de 1983)
http://amitie-entre-les-peuples.org/Conference-debat-sur-les-40-ans-de-la-Marche-contre-le-Racisme-et-pour-l
Rebond 1 : Black, Blanc, Beur : Egalité
http://amitie-entre-les-peuples.org/Black-Blanc-Beur-a-egalite
2) In BHL, BARRE, GROS MINET et les autres - Article de Farida Belghoul (de la page 39 à 41) du numéro spécial 92-93 de la "Beur Génération" Ed Sans Frontière (sans date de publication – approximativement 1985 car on y trouve un article du 9 mars 1985 de Myriam Cheraga Le Havre du MRAP, CFDT, ACO sur le film Dupont la joie)
Il y a un édito de Farid Aïchoune (1951-2022) - A la mémoire du petit Taoufik Ouannes.
https://www.le-livre.fr/livres/fiche-r320028373.html
3) J’ai eu l’occasion plus tard de parler de ce livre : « Banlieues en difficultés : la relégation » de Jean-Marie DELARUE -Ed Syros Ten 1991
https://www.bellaciao.org/fr/La-force-des-quartiers-populaires-de-l-indifference-a-l-engagement
Voici le plan :
1- Des habitants tenus en lisière,
2 - Les politiques publiques et les quartiers,
3 - Quelle stratégie ? Citoyenneté plus trilogie du 4.
4 - L’urbain, le social, l’économique.
5 - Cultiver la ressemblance, cultiver la différence.
6 - Jalons pour la mise en oeuvre
7 - Les réalisateurs